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Styles architecturaux à Paris : du XIXe siècle à nos jours

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Styles architecturaux des façades parisiennes
Styles architecturaux des façades parisiennes
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Les grandes villes françaises, Paris en tête, regorgent de styles architecturaux, qui peuvent être difficiles à identifier lorsqu'on ne connaît pas les règles qui leurs sont propres. Le plus connu d'entre eux, l'Haussmannien, a largement contribué à façonner l'architecture de la ville de Paris telle que nous la connaissons aujourd'hui. En effet, 60 % des immeubles parisiens ont été érigés dans ce style, entre 1850 et 1914. De nombreux autres courants architecturaux méritent également le détour. Nous vous invitons à découvrir les plus emblématiques, du XIXe siècle à nos jours.

Le style Empire (1800-1815)

Après la Révolution et son architecture issue d'influences variées (de l'Egypte au style Louis XVI, en passant par la Grèce antique), le style Empire marque le retour à l'ordre. Place à des immeubles plus massifs au style très classique :

  • fenêtres et portails en plein-cintre (demi-cercle)
  • pilastres encastrés dans les murs
  • façades coupées par des bandeaux horizontaux séparant les étages
  • balcons filants, généralement au-dessus de la corniche, mais également au premier étage (étage noble) et au niveau des lucarnes
  • présence plus fréquente de statues nichées entre les fenêtres.
Style d'architecture Empire

Le style Restauration (1815-1830)

La construction d'immeubles luxueux est ralentie pour laisser place à la création de logements plus populaires. Des immeubles au style très épuré font leur apparition :

  • immeubles généralement composés de 4 à 5 étages
  • façades souvent très plates et sans ornements
  • fenêtres rectangulaires, souvent dotées d'encadrements en pierre
  • présence de persiennes et de balconnets en fer forgé
  • fenêtres plus présentes et plus rapprochées.

On distingue 3 principaux types de fenêtres :

  • fenêtre sans encadrement ni décoration
  • fenêtre avec encadrement ("chambranle" extérieur)
  • fenêtre surmontée d'un dais (pierres saillantes sculptées formant généralement un fronton).
Façade immeuble style Restauration
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Le style Louis-Philippe (1830-1850)

Au début des années 1830, Paris compte 800 000 habitants et doit notamment faire face au développement de l'insalubrité (qui favorise le développement de maladies comme le choléra) et de la circulation croissante dans ses rues (y compris l'utilisation de plus en plus fréquente de carrosses). Le préfet Rambuteau fera alors raboter certains immeubles pour élargir les rues, et le réseau d'égouts sera modernisé.

C'est à cette époque qu'apparaît le style Louis-Philippe. D'abord très proche du style Restauration de par sa sobriété, celui-ci va évoluer vers davantage de décorations à partir des années 1840. Si certaines façades vont conserver des ornements fins et discrets, d'autres seront pourvues de décorations très présentes et inspirées de styles variés. Quelques particularités du style Louis-Philippe :

  • persiennes qui deviennent pliables, métalliques et amincies
  • balcons moins profonds
  • appuis de fenêtres qui dépassent de la façade
  • décorations de plus en plus présentes sur les façades (à partir des années 1840).
Architecture de style Louis-Philippe

L'immeuble Haussmannien (1850-1870)

A son arrivée au pouvoir, Napoléon III souhaite assainir et désengorger Paris. Il nomme alors Haussmann pour mener à bien ses projets. Dès 1850, Paris va se transformer en un chantier monumental : plus de 20 000 immeubles vont être démolis (y compris des bâtiments historiques), certains quartiers seront rasés (ex : l’île de la Cité), et 34 000 immeubles seront construits. Le style architectural d'un immeuble Haussmannien répond à des exigences précises :

  • immeubles de 4 à 5 étages (parfois 6 étages à partir de 1859)
  • façade construite en pierre de taille
  • rez-de-chaussée et entresol striés de refends horizontaux
  • présence d'un balcon filant au niveau du 2e étage, soutenu par des consoles
  • un à deux autres balcons filants peuvent être ajoutés à d'autres niveaux de la façade
  • élargissement des espaces entre les fenêtres
  • les façades des immeubles sont désormais datées et signées par leur architecte.
Immeuble Haussmannien - Style architectural

Le style Post-Haussmannien (1870-1895)

Malgré les émeutes parisiennes du début des années 1870 et la chute de l'Empire, Paris poursuit la reconstruction enclenchée par Haussmann.

A partir de 1880, l'opulence du style Haussmannien original évolue progressivement vers plus de sobriété :

  • de moins en moins de frontons sur les façades, sauf au 2e étage
  • dais et consoles gagnent en discrétion
  • tendance à ne conserver que les formes réellement utiles à la structure de l'immeuble.

Dès 1884, les règles de construction Haussmanniennes sont assouplies et autorisent davantage de créativité :

  • apparition de façades inspirées de styles très divers (grec, romain, gothique, Renaissance...)
  • interdit depuis le Moyen-Age, l'oriel (ou "Bow-window") refait son apparition car il devient autorisé entre le 2e étage et la corniche.
Style d'architecture Post-Haussmannien
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Fin de l'Haussmannien (1895-1914)

A la toute fin du 19e siècle, le style Haussmannien connaît un dernier souffle, qui se prolongera jusqu'à l'aube de la Première Guerre. Dès 1902, l'assouplissement du règlement d'urbanisme va autoriser encore plus de fantaisie dans la construction :

  • saillies (balcons, ornements...) qui gagnent en profondeur : elles peuvent désormais atteindre 1,20 m, contre 40 cm précédemment
  • les oriels peuvent équiper les étages situés au-dessus de la corniche
  • des loggias apparaissent parfois entre deux oriels
  • les combles gagnent encore en hauteur, permettant encore davantage de créativité au niveau des toits
  • les angles des immeubles s'arrondissent et sont souvent couronnés d'un dôme.
Façade d'immeuble des derniers feux de l'Haussmannien

Le style Art Nouveau (1895-1914)

Alors que le style Haussmannien connaît un dernier soubresaut, l'Art Nouveau fait son apparition. Impressionné par l'Hôtel Tassel à Bruxelles, l'architecte Hector Guimard va s'en inspirer pour édifier dans le 16e arrondissement de Paris le Castel Béranger. La construction de cet immeuble marque le lancement de l'Art Nouveau en France. Ce nouveau style d'architecture, qui libère les architectes des réglementations contraignantes, se distingue par les éléments suivants :

  • omniprésence de courbes sur les façades
  • nombreuses ornementations aux traits précis et décors détaillés
  • décorations représentant des fleurs, des végétaux, ou des animaux
  • mélange de matériaux, souvent colorés
  • portes vitrées en fer forgé.
Immeuble de style Art Nouveau à Paris

Le style Art Déco (1920-1930)

Après la Première Guerre Mondiale, la construction reprend progressivement pendant les années 1920. Critiqué pour son exubérance, l'Art Nouveau va être peu à peu remplacé par un style plus rigoureux : l'Art Déco. Ce style incarne le retour à une architecture classique et plus encadrée, dans laquelle les façades rectilignes et les décorations épurées, souvent géométriques, prennent le dessus sur les courbes et les formes alambiquées. Principales caractéristiques du style Art Déco :

  • façades le plus souvent en béton armé, mais aussi en pierre de taille ou en brique
  • décorations simples, souvent géométriques
  • disparition progressive des courbes au profit des angles droits
  • présence fréquente de bow-windows à partir du premier étage
  • garde-corps, balcons, et portes vitrées en fer forgé
  • présence de motifs en bas-relief ou en ferronnerie représentant des paniers de fleurs ou de fruits, des guirlandes de fleurs, ou encore des spirales.

Remarque : les gratte-ciels Art Déco sont généralement conçus sous la forme de segments empilés de taille décroissante, ressemblant à des pyramides aztèques ou mayas.

Style Art déco dans l'architecture
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L'architecture des années trente (1930-1939)

La crise économique américaine de 1929 va avoir des répercussions directes sur l'économie française, y compris sur la construction d'immeubles. Dès le milieu des années 30, on va chercher à réduire les coûts de construction, en privilégiant notamment l'utilisation du béton armé. Les façades d'immeubles vont être simplifiées, en supprimant les ornements et en limitant les courbes. Les aspects pratique et logique primeront généralement sur l'esthétique. Voici quelques points communs aux constructions des années trente :

  • disparition des ornements
  • façades combinant plans parallèles et angles droits
  • quasi-absence de courbes
  • apparition de cours au pied de certains immeubles (côté rue).

Des architectes issus de différents pays (dont Walter Gropius, fondateur du Bauhaus, et Le Corbusier, avec sa revue L'Esprit Nouveau) vont être à l'origine du Mouvement moderne, qui deviendra ensuite le style "international". Le Corbusier va définir 5 critères pour qualifier ce mouvement :

  • façade dépourvue de décoration
  • présence de pilotis, pour faciliter la circulation des personnes d'un espace vert à un autre
  • plan libre, permettant de dégager et d'aménager librement l'espace intérieur
  • fenêtres en largeur, pour optimiser la diffusion de la lumière
  • toit-jardin, pour créer un espace vert supplémentaire.
Immeuble des années 30 à Paris

Logements sociaux de l'entre-deux-guerres (1918-1939)

A l'issue de la Première Guerre Mondiale, un nouveau type de construction va voir le jour pour permettre aux ouvriers de se loger à loyers abordables : les Habitations à Bon Marché (HBM). Si plusieurs fondations philanthropiques (fondations Lebaudy, Rothschild, Weill...) avaient déjà créé des logements sociaux dès 1914, l'habitat social devient une préoccupation d'Etat à partir des années 1920. A Paris, de nombreux immeubles sont érigés sur les anciennes fortifications de la ville, puis à l'emplacement de certaines friches industrielles. Ces immeubles sont généralement en brique, car ce matériau est moins coûteux. Ils sont facilement reconnaissables :

  • façades sans ornements en briques rouges (voire blanches, beiges...), souvent en alternance avec d'autres couleurs
  • immeubles de 6 à 7 étages
  • constructions par lots qui se succèdent
  • porches généralement arrondis
  • balcons et fenêtres aux formes variées.
Architecture des logements sociaux entre deux guerres, Paris

Les Trente Glorieuses (1946-1976)

La Seconde Guerre Mondiale a endommagé plus de 2 millions de bâtiments et en a détruit totalement plus de 450 000 en France. Pour remédier à la pénurie de logements, l'Etat lance un vaste plan de reconstruction dès 1952. En moins de deux décennies, la France a construit plus de logements qu'elle ne l'avait fait depuis 1870.

C'est notamment à cette époque que de nombreuses tours et barres d'immeubles sont créées. Ces grands ensembles permettent alors de loger un maximum d'habitants en un minimum de temps grâce à des procédés de construction industrialisés. Inspirées en partie du style moderne ou international, ces immeubles présentent les spécificités suivantes :

  • utilisation massive du béton
  • architecture sobre et uniforme
  • rupture nette avec le reste du tissu urbain
  • toit plat de type toit-terrasse
  • chaque ensemble comprend au minimum 500 à 1 000 logements.

Dans les années 60-70, des immeubles de standing voient également le jour. On les reconnaît à leurs façades en pierre, parfois couvertes de marbre, et leurs balcons filants équipés de plaques d'acrylique fumées (type Altuglas).

Architecture des Trente Glorieuses - Tours Paris 13e
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Les années de transition (1976-1990)

Les chocs pétroliers de 1973 et 1977 marquent la fin des Trente Glorieuses. La croissance des pays développés ralentit et le chômage fait son apparition. L'efficacité énergétique commence à être prise en compte dans la construction des immeubles. L'architecture devient moins monotone : le recours aux courbes et obliques permet de créer des façades originales.

On assiste à une revisite de certains styles architecturaux emblématiques (Modernisme, Néo-Haussmannien, ou encore Néo-classique), auxquels on ajoute des touches d'originalité : ouvertures de formes et dimensions différentes, utilisation de couleurs vives, façades ondulées...

La construction de grands immeubles se poursuit dans un style similaire à celui des années précédentes.

Architecture immeubles des années 80, Place de la Catalogne, Paris 14e

L'architecture des années 90-2000

Dans les années 90, on constate un certain apaisement dans le style des constructions : les formes s'assagissent, les couleurs deviennent plus sobres (on privilégie les camaïeux), le béton est associé à d'autres matières (verre, bois, métal...)... On joue davantage sur l'aspect brillant ou transparent des façades, sans doute pour faire oublier le côté massif des constructions modernes de l'époque précédente.

On trouve désormais davantage de formes courbées et biseautées, et des façades aux lignes plus épurées. Néanmoins, la créativité reste de mise, tout en conservant certains codes du tissu urbain existant : mélange de lignes horizontales et verticales, longs balcons filants, formes imbriquées, parfois asymétriques ou mal proportionnées...

Architecture des années 90 - Bibliothèque Nationale de France
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